Tribune : « Le magasin physique n’est pas mort ». Yves Puget, directeur de la rédaction LSA
Jeudi dernier, lors de la cérémonie du Gala des SHOP! Awards Paris 2025, Yves Puget, directeur éditorial de LSA, a livré une allocution aussi percutante que lucide sur l’état du commerce et les mutations en cours. Entre paradoxes de consommation, résilience du retail physique et adaptation nécessaire aux nouveaux comportements, retour sur une prise de parole inspirante.
C’est avec une citation provocante de Sam Walton, fondateur de Walmart, qu’Yves Puget a ouvert son intervention : « Arrêtez de faire ce qui marche immanquablement, autour de vous tout change, soyez à l’avant garde du changement » Une pensée plus que jamais d’actualité dans un monde où le commerce fait face à une mutation profonde et permanente.
Des consommateurs tiraillés entre valeurs et pratiques
Premier constat : les comportements des consommateurs évoluent, mais souvent de façon contradictoire. « Le lundi matin, on parle RSE, écologie et Made in France. Le soir, on commande sur Temu », illustre-t-il avec humour. La société française vit au rythme d’injonctions paradoxales, entre aspirations vertueuses et pratiques opportunistes. Le vieillissement de la population, la baisse de la natalité et les disparités territoriales redessinent la carte des besoins et des modes de consommation.
Une économie instable, une consommation erratique
L’incertitude est devenue la norme. Crises sanitaires, conflits géopolitiques, aléas climatiques… tout impacte les comportements d’achat. « Un coup de froid et la soupe explose, un rayon de soleil et c’est la ruée sur les crèmes solaires », ironise Yves Puget. Cette volatilité complique les prévisions et oblige les acteurs du commerce à rester agiles, réactifs et connectés à l’instant.
Non, le magasin n’est pas mort
Face au bruit ambiant sur la supposée fin du commerce physique, Yves Puget recadre : « Au début des années 90, on m’annonçait la fin de l’hypermarché. Trente ans plus tard, on m’appelle encore pour me dire la même chose. » Et pourtant : 2300 hypermarchés, 13 millions de m² et des enseignes comme Action ou K-Way qui continuent d’ouvrir des points de vente.
Le modèle évolue, certes. Il ne s’agit plus seulement de faire venir le consommateur en magasin, mais d’être là quand il souhaite consommer – à domicile, en mobilité, en drive ou sur son smartphone. « Les formats ne meurent jamais, ce sont les enseignes qui disparaissent », résume-t-il avec justesse.
L’avenir passe aussi par le magasin rénové
Même les géants du e-commerce le savent. « Walmart investit un tiers de son budget digital dans la rénovation de ses magasins. » Car le point de vente reste un lieu d’expérience irremplaçable : on y teste, goûte, touche, découvre. À l’heure de l’intelligence artificielle et du retail media, le magasin physique conserve son rôle stratégique.
Conclusion : lucidité et confiance
Dans un secteur en perpétuelle évolution, Yves Puget a livré une analyse sans fard, mais résolument optimiste : le commerce s’adapte, se réinvente, mais ne disparaît pas. Une allocution saluée par la profession, qui a su mêler lucidité économique, regard sociologique et foi dans l’avenir du retail.